Le Livre des sorcières, quand le manga parle des dangers de l’obscurantisme.

Le livre des sorcières est un manga historique retraçant une partie de la vie de Jean Wier, médecin connu pour avoir écrit et lutté contre la chasse aux sorcières durant le 16ième siècle. .

On sent clairement que Ebishi Maki s’est documenté en dessinant ce manga. Si certaines parties du propos témoignent d’une vraie rigueur historique, l’autrice n’a pas forcément collé à la réalité ce que j’ai trouvé intéressant. D’ailleurs, ce manga viens du magasine shojo Nemuki+, un bimensuel à la ligne éditoriale plutôt horrifique et fantastique.

Si ce manga me tentait beaucoup, mes attentes étaient un peu à côté de la plaque. Je m’attendais à un manga traitant de la chasse au sorcière avec un personnage féminin hors le propos de l’autrice n’est pas là. Ma légère déception passée, j’ai pu me plonger dans ce passionnant manga et je dois d’ailleurs préciser d’amblée que je trouve son propos important et très juste.

On ne sait pas trop où l’on va durant le premier tome. On y suis un Jean Wier encore très jeune, influençable et hésitant. La chasse aux sorcières bat son plein en Europe, la religion est partout, contrôle tout et des épidémies comme la peste déciment la population. C’est la peur et l’incompréhension qui règne et notre héros semble assez perdu. Il va avoir la chance de devenir le disciple de Agrippa, un médecin de renon qui lui permis de trouver une voix et d’avoir accès à la connaissance. On voit dans un premier temps Agrippa via les yeux de Jean Wier, cet homme qui lutte contre la peste, les croyances occultes comme les nymphes ou les loups garous au point de se mettre l’église à dos.

Ce qui est intéressant dans ce manga est la manière avec laquelle l’autrice fait évoluer son personnage principal et ses lecteurs dans la découverte de cette terrifiante période où tout ce qui est effrayant devient vite diabolique au yeux de l’église et donc des gens. On peut rapidement devenir sorcier/sorcière ou loup garou si nos actes sont incompris d’autrui ou si l’on souffre d’une maladie. C’est une époque où la peur règne en maitre et où les connaissances comme la philosophie ou la médecine ne sont pas forcément vue comme juste et digne de confiance. Ainsi, Ebishi Maki joue avec son lecteur qui s’est identifié à Jean Wier et qui voit ce personnage se défaire peu à peu de ses peurs et croyances pour s’instruire, s’affirmer et enfin lutter en essayant de sauver des personnes innocentes. Cette lente évolution appuie bien le propos de cette oeuvre et se montre assez habile dans sa narration progressive (et donne des envies de relecture).

Je n’ai pas pu m’empêcher d’avoir une pointe de déception lorsque j’ai ouvert le premier tome. En effet le dessin est bien moins beau et marquant que ne le laissait présager les sublimes couvertures. Je me suis cependant rapidement habitué au dessin qui manque parfois un peu d’impact mais reste bon allié à une narration parfois peu inventive mais efficace. J’ai trouvé que l’autrice arrivait à rendre ses pages plus belles et marquantes au fil des pages mais ce n’est clairement pas pour son dessin que j’ai apprécié ce manga.

Si le livre des sorcières n’est pas le récit ouvertement féministe auquel je m’attendais, il a facilement réussi à m’emporter, à me questionner et à me passionner pour cette période tristement célèbre de la chasse aux sorcières. Je pense que ce manga devrait être dans les CDI des lycées tant il décrit avec brio la peur de l’incompréhensible, les mécanismes de la rumeur collective, du coupable rassurant et de l’obscurantisme généralisé.

Je conseil bien évidement ce manga et m’en vais lire La couleur de l’eau, le second manga de Ebishi Maki a être traduit en français.

Le livre des sorcières est disponible en 3 tomes aux éditions Glénat.

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